Daouda Mbouobuo, Les fleurs n'effleurent plus midi, Paris, L'Harmattan, 2013
Les fleurs n'effleurent plus midi, à lire ce titre l'on ferme les yeux pour se laisser aller à la rêverie tant les idées poétiques qui s'agglomèrent autour s'y prêtent. Cet élan reluisant est pourtant interrompu par une réserve négative, "ne plus" que cache-t-elle dans la plénitude d'un zénith que sous-entend midi?
Intrigué par l'à-priori, l'on pénètre bien le recueil par cette allitération pour en saisir la vocation. Cette entrée par les sons, lesquels au demeurant dessinent en nous des images paisibles telles que le suggèrent les caressent, les fleurs, la plénitude lumineuse. C'est donc un décor de bienvenue que dresse Daouda Mbouobouo. Ambiance vite déçue. Car il y a bien l'idéal rêvé par l'homme qui entre en conflit avec le pragmatisme de ses ambitions. Ceci compromet le dessein de paradis qui irradie chacun d'entre nous.
Un clin de mémoire est donc fait à la péninsule ibérique (via la figure de Suarez Rodriguez) qui ouvrit les voies de la conquête des mers et partant du monde. Sextant à portée de regard, celle-ci alla à la rencontre des autres humanités. Et plein d'espoir les humanités nouvelles s'ouvrirent à ces conquistadores. Et le dialogue qui ensuivit fut de cette tonalité :
Tu m'as dit entre.
De mon crâne chauve,
De mon regard innocent,
Tu m'as dit entre.
Je t'ai alors parlé du royaume Bamoun.
Je t'ai parlé du Katanga.
Je t'ai parlé du royaume du Cap.
Je t'ai rappelé les sphinx d'Egypte.
Je t'ai dit que mon peuple dansait
La suite des rapports fut celle que l'on sait. Naïfs furent ceux qui crurent en l'amitié désintéressée. C'est de cela que parle cette poésie de Daouda. Toute en franchise et en simplicité. Le mot est sobre, le message sacrifiant parfois la fantaisie poétique.
Il y a chez Daouda, cette générosité mémorielle qui revient sur les drames de la vie afin que l'âme des victimes ne se dissipe dans l'oubli. Sa poésie devenant l'instant d'un soupir, le souffle prêté à ces victimes à travers le battement et les pulsations de vie qui émanent des lecteurs. Hors des tragédies, Les fleurs … se veulent aussi un plaidoyer pour l'enracinement même si de temps à autre, l'on peut se laisser aller aux caprices de l'éphémère dans la stricte contemplation des fleurs :
Oui les fleurs,
Attirantes, suaves, désirables.
Contemple-moi à l'aube.
Riche, somptueuse et majestueuse.
C'est elle : La fleur. Wilfried Mwenye octobre 2013
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