ANALYSE SOCIOLOGIQUE DE LA CORRUPTION POUR LA BONNE GOUVERNANCE AU CAMEROUN
CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
TYPOLOGIE DE LA CORRUPTION
Jacqueline Nkoyok
se déroule lorsque les services publics présentent plusieurs lacunes ou lorsque la situation socio-économique devient chaotique et laisse la possibilité aux individus de se débrouiller autrement pour pouvoir survivre.
Mais, lorsqu'on parle de corruption au Cameroun tout le monde ou presque la dénonce, et l'observateur se pose toujours la question de savoir qui est corrupteur et qui est corrompu, tout le monde dénonce, tout le monde accuse mais rien ne bouge c'est cela qui rend vains les efforts déployés par le gouvernement et les acteurs non étatiques pour endiguer ce fléau.
devant les actes plausibles de corruption,Avons-nous donc l'obligation de nous taire ou d'être complaisant, ne craignons nous pas l'œil divin ou le jugement de l'histoire en laissant notre pays plonger dans ce marasme ? l'un des espoirs à mon humble avis est le réveil citoyen, car un changement positif ne peut venir que du réveil citoyen. Car il est urgent et vital pour tous les camerounais (nous mêmes, nos enfants, nos petits enfants) de prendre conscience, de faire prendre conscience à l'opinion camerounaise de cette situation inacceptable et de se mobiliser pour réagir citoyennement, pour redonner espoir à ceux qui plongent dans le désespoir et dont les réactions de défense accouchent à chaque seconde des idées criminelles, de vandalisme, de haine.
La plus grande option c'est faire comprendre le phénomène, en rendant visible les réseaux que constituent le sous-système de corruption, les décrier et les démanteler c'est-à-dire diminuer sa puissance en diminuant ses avoirs illicites.
Il s'agit d'aller en profondeur des recherches, de ressortir certains aspects cachés liés par un système de corrélation invisible mais réel.
Pour ce faire nous allons recourir à la sociologie des organisations pour comprendre les mécanismes de fonctionnement de notre société pas simplement ce qui est donné dans la réalité plausible. Comme le remarque P. Bourdieu, "nombre de chercheurs agissent comme s'il suffisait de se donner un objet doté de réalité sociale, pour détenir du même coup un objet doté de réalité sociologue". La distinction peut paraître subtile, quelques exemples faciliteront la compréhension.
Et la réussite d'une telle opération nécessite le soutien populaire, le renforcement des capacités des peuples, mais aussi le besoin de rendre l'opération de lutte contre la corruption rentable pour le peuple (créer une commission de restitution des biens mal acquis, rapatrier des ressources détournées, mettre par la suite en œuvre toutes les mesures actuellement prises par les pouvoirs publics)
D'où la nécessité pour comprendre le phénomène de corruption, de procéder à deux types d'analyses :
- L'analyse de sa réalité sociale et l'analyse sa réalité sociologique
1- La réalité sociale de la corruption au Cameroun
Ici la corruption est visible, deux approches sont nécessaires,. :
a) l'approche par la perception,
b)l'approche par la victimisation
Depuis une vingtaine d'années, le Cameroun se bat pour sortir d'un environnement économique très hostile à la prise en compte de l'homme comme centre de tout développement.
Même si très tôt le problème de gouvernance est perçu, mais les efforts de lutte pour améliorer les conditions de vie des camerounais se sont avérés vains Cette situation crée du Cameroun, a eu des répercussions non seulement au niveau économique mais aussi au niveau politique et socioculturel.
Les infrastructures de base se sont dégradées et la faible qualité de gouvernance, au Cameroun tire une part des origines dans cette situation critique.
Cette situation s'est caractérisée par l'inefficacité de l'administration à prendre en compte les services sociaux, l'inefficience des politiques publiques à jubiler les impacts du programme d'ajustement.
La pression fiscale qui passe de 9,3 à 10,4% du PIB, entre 2004 et 2005 pression qui persiste jusqu'à ce jour qui a grevé la consommation privée de 1,7% selon la BAD.(Perspectives économiques de l'Afrique)
La charge énorme de l'endettement par rapport à notre capacité d'exportation, toute situation qui ont généré des comportements qu'on ne peut expliquer que par rapport à cet environnement socio-économique morose. A cela, s'est ajouté la mauvaise qualité de l'environnement des affaires car à ce jour, le Cameroun n'a plus attiré que moins de 2% des investissements directs étrangers (IDE) destiné à l'Afrique.
Tout cela sans doute, constitue l'élément le plus pénalisant en termes d'essor d'un secteur privé formel local pourtant dynamique siège de l'apprentissage des comportements économiques pervers.
La corruption constitue donc un problème extrêmement préoccupant, le pays demeurant très mal placé dans le classement par Transparency International de perception de la corruption (au 137e rang sur 159) pays classés (BAD 2006)
Et jusqu'à ce jour,la situation ne s'améliore véritablement à tel point que certains partenaires au développement se montrent réticents à l'idée d'accorder au pays la crédibilité qu'il mérite.
Depuis 2005, quelques actions entreprises par les pouvoirs publics semblent marquer cependant la volonté du gouvernement camerounais de se montrer plus offensif dans ce domaine.(épervier) Malheureusement, le quadrillage du problème de la corruption fait défaut. Car non seulement ces mesures prises visent la réalité sociale de la corruption, en négligeant sa réalité sociologique, mais à la corruption proprement dite, s'ajoutent les lourdeurs administratives et les insécurités juridiques et judiciaires auxquelles les entreprises et les citoyens doivent faire face.
D'après le classement de Doing Business de la Banque Mondiale, le Cameroun affiche des performances inférieures à la moyenne de l'Afrique sub-saharienne.
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Mais ce classement ne s'améliore très peu pas car, l'environnement des affaires est particulièrement peu incitatif à l'activité privée en matière de création et de fiscalité des entreprises, ainsi qu'en matière de respect des contrats (BAD).
En 2008, le problème du "harcèlement fiscal" a particulièrement retenu l'attention au sein des milieux d'affaires, principalement en raison de la multiplication des contrôles fiscaux et douaniers arbitraires et abusifs. Les efforts sont faits dans l'administration de la douane mais les lamentations et la grogne des partenaires (tchadiens centrafricains et autres en cette année 2012 prouve que le malaise persiste.
Dans ces conditions, un climat de défiance semble s'être durablement installé entre l'administration et les milieux d'affaires qu'il est nécessaire aujourd'hui de réhabiliter après l'atteinte du point d'achèvement.et la libéralisation prochaine des échanges
Certes, le gouvernement a engagé d'importants efforts afin de rétablir le dialogue avec les milieux d'affaires, grâce à un apurement des arriérés sur la dette intérieure. Mais les efforts sont nécessaires dans d'autres domaines comme par exemple la mise en confiance des salariés fonctionnaires qui depuis 1994, souffrent d'une triple diminution des salaires. L'augmentation suite aux émeutes de février 2008 des salaires tardant encore à atténuer les effets d'un sevrage précoce.
Des efforts ont été également consentis afin d'accroître la cohérence de l'action publique, notamment par la création d'un grand ministère de l'Economie et des Finances auquel a été réintégrée la gestion du budget des investissements publics. Ainsi que l'effort d'amélioration de la dépense publique
Certes aussi, l'on ressent une plus grande volonté de consulter les milieux d'affaires et la société civile comme en témoignage la tenue des comité interministériels élargis au secteur privé, la réunion des "Etats généraux de l'économie" en Janvier 2006, ou encore la consultation du secteur privé lors de l'élaboration de la loi de finances 2006.et la multiplication des séminaires de formation à tous les niveaux
Mais reste qu'avec des marges de manœuvre très restreintes sur le plan budgétaire, le gouvernement risque de ne pouvoir réellement donner corps à ce dialogue et surtout de redonner confiance à la majorité des pauvres qui attendent toujours une bouffée d'oxygène par le point d'achèvement.
Car en 2003, le Cameroun était 13e sur 48 avec 862 Dollars par habitant, malgré tout cela, le Cameroun demeure pauvre et très endetté.
En 2005, le Cameroun se situait 148e sur 167 pays classés par l'ONU.
L'allègement PPTE devait contribuer à diminuer cette dette à 150 % des exportations (cette dette est celle du club de Paris) d'où un allègement total de 860 Millions de Dollars pour les PPTE. Mais les attentes persistent et les craintes se multiplient avec la grave crise financière internationale de la fin de l'année 2008 ;
Malgré les appuis de la communauté internationale (La France par exemple décide d'aller au delà de ces montants avec son programme de C2D.)
Or grâce au point d'achèvement, la dette du Cameroun devrait être ramené à 53% des exportations et pourtant, le Cameroun comptait grâce au point d'achèvement avoir accès à des montants plus élevés de financement.
Un autre problème c'est celui du coût et de la qualité des facteurs de production (les frais d'énergies, d'eaux et de téléphones)qui augmentent.
L'apport des projets structurants est très attendu à ce niveau.
Dans cette attente l'environnement n'est pas en lui-même propice à la mise en œuvre efficiente de la bonne gouvernance.
Si tel est le cadre de la gouvernance au Cameroun, la corruption se trouve être une dysfonction du système de gouvernance qui a suscité la création d'un sous-système de corruption.Quelques pistes de réflexion
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Lutter contre la corruption n'est pas une sinécure, Beaucoup d'autres pays l'ont réalisé avec succès (Costa-Rica, Nigéria, Ethiopie avec le feupremier ministre Meles …..etc).
Même si parfois il dégénérescence ou confrontation des sous systèmes. Ou parfois accusation de ceux là qui sont en charge de mécanismes de lutte contre ce fléau.
Mais le soutien du peuple est indispensable et a des préalables, car le peuple est stressé par le phénomène, il est devenu malade à la suite de ce stress, il est devenu agressif, il est devenu délinquant.
Dans ce cas, la création d'un climat de confiance, ainsi que la diminution des tensions sociales permettraient de redonner confiance au peuple et de repartir avec son soutien afin de mitiger les risques d'éjection par le sous-système de corruption.
Pour les personnes et les membres des réseaux responsables de ce phénomène, trois attitudes se présenteront :
- la reconversion,
- l'extraversion,
- la mise à l'écart
La corruption et les notions voisines :
- Le blanchiment d'argent signifie l'acquisition, la possession ou l'utilisation des produits de la corruption ou de délits connexes, ou la conversion, le transfert, la dissimulation ou l'aliénation de biens pour cacher la vraie nature, origine, source, localisation ou propriété de biens issus de la corruption ou de délits connexes
- La collusion signifie une entente entre deux ou plusieurs personnes dans le but de commettre une fraude, un acte de corruption ou toute autre forme d'acte illicite.
- Le détournement signifie un acte délibéré de toute personne qui s'approprie des fonds ou des biens publics ou privés qui lui sont confiés dans le but précis de l'exercice de ses fonctions officielles
- La fraude signifie une dissimulation volontaire, une représentation intentionnellement inexacte, ou le non-respect par collusion des conditions d'un contrat.
La corruption quant à elle comporte selon la majorité des institutions internationales (Banque Mondiale, BAD, PNUD, CEA etc.) neuf facteurs clés ou actes essentiels :
• La sollicitation ou l'acceptation, de manière directe ou indirecte, par un agent public ou par toute autre personne, de tout bien ayant une valeur monétaire, ou de tout autre avantage, tel qu'un don, une faveur, une entité, en échange de l'accomplissement ou de l'omission d'un acte dans l'exercice de ses fonctions ;
• L'offre ou l'octroi à un agent public ou à toute personne, de manière directe ou indirecte, de tout bien ayant une valeur monétaire, ou de tout autre avantage, tel qu'un don, une faveur, une promesse ou un profit pour lui-même ou pour une autre personne ou entité, en échange de l'accomplissement ou de l'omission d'un acte dans l'exercice de ses fonctions ;
• L'accomplissement ou l'omission, par un agent public ou toute autre personne, d'un acte dans l'exercice des ses fonctions, aux fins d'obtenir des avantages illicites pour lui-même ou pour un tiers ;
• L'offre du don, la promesse, la sollicitation ou l'acceptation de manière directe ou indirecte, de tout avantage non justifié accordé à une personne ou proposé par une personne occupant un poste de responsabilité ou tout autre poste dans une entité du secteur privé, pour son propre compte ou celui d'une autre personne, en échange de l'accomplissement ou de l'omission d'un acte, contrairement aux exigences de ses fonctions ;
• L'offre, le don, la sollicitation ou l'acceptation, de manière directe ou indirecte, ou la promesse d'un avantage non justifié à une personne ou par une personne affirmant ou confirmant qu'elle est en mesure d'influencer irrégulièrement la décision d'une personne exerçant des fonctions dans le secteur public ou privé, en contrepartie de cet avantage, que celui-ci soit destiné à elle-même ou à une autre personne, ainsi que la demande, la réception ou l'acceptation de l'offre ou de la promesse d'un tel avantage, en contrepartie d'une telle influence, que celle-ci ait été ou non effectivement exercée ou qu'elle ait été ou non déterminante pour obtenir le résultat escompté ;
• L'enrichissement illicite ;
• L'usage ou la dissimulation du produit de l'un quelconque des actes visés ci-dessus ;
• La participation en tant qu'auteur, co-auteur, intermédiaire, instigateur, complice avant ou après, de quelque manière que ce soit, à la commission ou à la tentative de commission, ou encore à toute manœuvre ou entente délictueuse visant à commettre tout acte visé dans ce qui est dit ci-dessus.
Si ces neuf facteurs sont retenus, il reste que la corruption se manifeste dans des contextes différents qu'elle épouse.
Or, lorsque l'on parle de corruption au Cameroun, le phénomène est perçu comme s'il ne concerne que les autres l'on se pose toujours la question de savoir qui est corrupteur et qui est corrompu au Cameroun
Une situation qui rend vains les efforts entrepris aussi bien du côté gouvernemental que du côté des acteurs non étatiques,
Il devient donc urgent et vital pour tous les camerounais de prendre conscience, de faire prendre conscience à l'opinion camerounaise de cette situation inacceptable pour notre pays et de se mobiliser pour réagir citoyenne ment afin de redonner espoir à ceux qui tous les jours plongent dans le désespoir, et dont les réactions de défense parfois "accouchent" des actes criminels, de vandalisme, de haine, de suicide sociétal, dans un environnement qui génère pauvreté, misère, dégoût, et éclabousse à tous les niveaux notre pays qui pourtant il y a quelques années passait pour être un "El dorado" en Afrique Centrale.
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